• Interview d'un imam et d'un spécialiste de la radicalisation après les attentats de Paris. Focus sur l'intégration des musulmans et sur le role de l'éducation.
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    Vous dites par là, tous les deux, que ces attentats de vendredi n’ont plus beaucoup de caractères religieux. Non, vous vous rendez compte, on promet le paradis à des jeunes par le Kamikaze ? Et on ne dit pas à ces jeunes-là que le prophète a dit : « Celui qui cause la mort d’un non-musulman innocent n’entrera pas au paradis. » C’est de al-Bukhari, on ne peut plus authentique. On embrigade les gens. C’est-à-dire, on prend des textes, on les coupe de leur contexte parce que le Hadith, c’est comme une photographie. On ne sait pas l’avant et l’après. Il faut créer la scénographie du texte. Quand on n’a pas une doctrine, on est dans l’endoctrinement. Et c’est ça le problème aujourd’hui de l’interprétation. On manipule les gens qui sont mentalement intellectuellement incapables de discerner la bonne interprétation de la mauvaise. Mais également, l’école doit jouer son rôle. Moi, je pense qu’il faut miser sur l’école. Je reviens toujours à cette chanson, l’école. Parce que l’école ne doit plus être une question de droite et de gauche. Il faut qu’il y ait un consensus. Et ça ne doit même pas être l’affaire des enseignants. Je pense que l’intégration doit passer par l’intégration mentale. Ce n’est pas possible que toute une population de jeunes, ne se reconnaisse pas dans le récit national auquel les musulmans pendant 6 siècles, 7 siècles ont contribué. Ils ne se reconnaissent pas dans ce récit national. Je pense qu’il faut commencer par l’intégration intellectuellement tenace dans une histoire universelle. Tout à fait dans ce sens-là, j’avais un exemple très précis dans le bouquin que je sors au début du mois de janvier : « Terreur dans l’hexagone » où j’essaye l’analyse du djihad français. Je suis allé dans beaucoup d’endroits, notamment à Lunel. Lunel qui a été malheureusement sacrée capitale du jihad français en 2014 parce qu’il y avait 20 personnes qui sont parties. Lunel entre Nîmes et Montpellier. Exactement une petite ville. Oui. Et j’ai vu une société complètement clivée. Le seul lieu véritablement dans lequel j’ai eu l’impression, qui était porteur d’espoir, c’était le lycée. Le lycée dont, pourtant sont partis à un certain nombre de djihadistes. Mais, c’est là, les enseignants font un travail formidable, les discussions avec leurs élèves, et on voit bien que quand le système de l’éducation fonctionne, c’est là qu’on voit les enfants se mélanger aussi. Parlez les uns avec les autres. Ailleurs, vous avez une communauté où quasiment toutes les femmes sont voilées, une autre qui ne parle plus aux autres. On a des univers qui sont complètement clivés. Alors que justement l’école a une fonction de brassage, à partir du moment où elle en a les moyens. Et moi je pense comme vous, que les enseignants aujourd’hui et la relation entre les enseignants, les parents et les élèves, c’est quelque chose d’absolument fondamental. Et on n’y accorde pas suffisamment d’attention si vous voulez. C’est pour ça qu’aujourd’hui, la manière dont l’école va débattre des attentats est quelque chose de très important, sur lequel il ne faut pas se tromper et peut-être le faire d’une manière plus adroite que ça avait été fait après janvier.
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