• Ce documentaire retrace les problèmes diplomatiques entre la France et les Etats-Unis juste avant la guerre en Irak.
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    L’obsession de la Maison-Blanche de venir à bout du président irakien va cette fois placer la France et les États-Unis dans deux camps opposés. Pour Georges Bush, fils du premier, l’Irak fait partie de l’Axe du Mal qu’il a lui-même défini après les attentats du 11 septembre 2001. Il faut donc préparer l’opinion à une prochaine guerre et surtout rechercher des alliés inconditionnels. Bush Junior espère que la France le suivra. Ce n’est pas gagné ! C’est ce qu’on appelle une réponse très diplomatique. Pour le quai d’Orsay, comme pour l’Élysée rien ne plaide en faveur d’une guerre. L’Irak de Saddam Hussein n’est en rien responsable du 11 septembre et pour ce qui est des armes de destruction massive, il faut laisser les inspecteurs mandatés par l’ONU en Irak confirmer leur existence. Pendant un an, la France s’opposera aux États-Unis pour éviter la guerre. Nous alertons les États-Unis sur le fait que contrairement à ce qu’ils pensent non seulement ils ne vont pas régler la crise Irakienne, mais ils vont aggraver les choses par la création d’un nouveau foyer du terrorisme mondial. Il faut se rappeler qu’à cette époque-là, il y avait peu de foyers terroristes sur la scène internationale. Aux Nations Unies, malgré les sourires très courtois le combat est rude entre le Français Dominique de Villepin et l’Américain Colin Powell. Il faut gagner le vote du Conseil de sécurité pour ou contre la guerre. Colin Powell me reçoit et il me dit, à un moment donné : « Dominique, ne sous-estime pas la détermination américaine ! » Et, je comprends qu’alors décision du président Bush est prise et que rien n’arrêtera l’armée américaine. L’Amérique à ce moment-là avait le sentiment d’apporter la réponse aux attentats du 11 septembre. Et, il y avait très peu de place pour la tolérance, la compréhension. C’est une société qui, de ce point de vue là, révélait une très grande brutalité vis-à-vis de ce qu’elle croyait être un ennemi à mort. La France ne lâchera pas. Elle croit au multilatéralisme, c’était la doctrine de De Gaulle. Pas question d’accepter la domination américaine. Il nous faut rallier les pays émergents et les grands pôles d’influence. Un des moments très forts, c’est au cœur de la crise, le déplacement que je fais sur la demande du président de la République, au Vatican, pour rencontrer le pape Jean-Paul II. Et je me rappellerais toujours le Pape après m’avoir écouté longuement présenter la position de la France sur la crise irakienne, appuyer et taper sur sa chaise à trois reprises en disant :  « Vive la France ! Vive la France ! » Le 14 février, Dominique de Villepin doit prendre la parole devant le Conseil de sécurité de l’ONU au nom de la France. Beaucoup d’inquiétude dans les minutes qui précèdent, beaucoup d’inquiétude sur le poids des mots, beaucoup d’inquiétude sur le choix des mots parce que je mesure la gravité de ce que je vais dire, et donc je m’interroge jusqu’au dernier moment. Et au moment où le Secrétaire général des Nations Unies me passe la parole, là je dois dire que c’est un moment de grâce. C’est un vieux pays, la France d’un vieux continent comme le mien, l’Europe qui vous le dit aujourd’hui. L’enjeu dépassait de loin la relation entre la France et les États-Unis. C’était important d’adresser ce message très fort au monde arabe, aux populations du monde arabe, qu’il n’y avait pas un occident uni pour aller faire la guerre en Irak alors même qu’il n’y avait pas de preuve de ces armes de destruction massive. Face à l’histoire et devant les hommes. C’est quelque chose que j’ai trouvé assez beau sur le plan lyrique, c’est vrai ! Bon ! C’est le genre de discours qu’on dit : « J’aurais bien voulu le faire », si vous voulez. Mais en même temps, je me suis dit, ce n’est pas simplement les fioritures qui comptent, c’est le contenu. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont eu raison. Et, tout l’a montré après qu’ils ont eu raison sur ce point. Et, les États-Unis ont commis une erreur extraordinaire dans cette affaire surtout qu’ils ont doublé l’erreur de l’invasion par une erreur encore plus considérable de n’avoir aucun plan pour après. La guerre de Bush aura quand même lieu sans l’aval du Conseil de sécurité. Elle durera près de 10 ans et fera plus de 500 000 morts majoritairement des civils. La France paiera cher son refus de participer à la guerre. Elle subira de la part des États-Unis un boycott politique, économique et médiatique. La France est violemment conspuée et les Américains mettront du temps à nous pardonner.
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